Sous marins russes : un accord stratégique entre Londres et Oslo

Décembre 2025

Le 4 décembre 2025 marque une étape décisive pour la sécurité maritime en Atlantique Nord. En officialisant un nouvel accord de défense, le Royaume-Uni et la Norvège affirment leur volonté de resserrer leur coopération face à la montée en puissance des sous-marins russes dans la région. Cet accord s’inscrit dans un environnement stratégique particulièrement tendu, où la protection des infrastructures sous-marines et la maîtrise du domaine profond deviennent des priorités essentielles pour les deux alliés.

Un accord structurant pour une coopération navale opérationnelle

Officiellement baptisé Lunna House Agreement, le texte scelle une étape majeure dans la collaboration entre le Royaume-Uni et la Norvège. Les deux marines disposeront désormais d’une flotte de frégates anti-sous-marines conçue pour être totalement interchangeable, annonce le communiqué officiel du gouvernement britannique. Cette structure commune doit permettre d’unifier doctrines, procédures de détection et opérations réelles en Atlantique Nord, où les incursions russes se sont intensifiées selon Londres.

La flotte combinée reposera sur au moins 13 navires de guerre, dont 5 frégates Type 26 que la Norvège recevra dans le cadre d’un contrat de 10 milliards de livres sterling, soit plus de 11,5 milliards d’euros. Ces bâtiments, dotés de capteurs de dernière génération, sont spécialement conçus pour la lutte anti-sous-marine et seront employés dans des missions conjointes de repérage et de poursuite.

Le Premier ministre britannique a salué la portée du texte en déclarant : « Cet accord historique avec la Norvège renforce notre capacité à protéger nos frontières ainsi que les infrastructures critiques dont dépendent nos nations », une manière de rappeler que les fonds marins abritent des réseaux vitaux de communication et d’énergie, aujourd’hui considérés comme vulnérables.

Infrastructures sous-marines, drones et renforcement industriel

L’accord ne se limite pas au déploiement de frégates. Le Royaume-Uni rejoint également le programme norvégien de navires de soutien offshore, véritables plateformes mères destinées au déploiement de drones sous-marins spécialisés dans la guerre des mines et la lutte anti-sous-marine. Ces capacités autonomes devraient permettre aux deux marines d’étendre leurs zones de surveillance tout en limitant l’exposition des équipages.

Cette coopération technique et industrielle s’accompagne d’une montée en puissance de la coordination stratégique : partage de munitions, adoption de systèmes d’armes identiques, entraînements conjoints et simulations opérationnelles communes. L’objectif affiché est simple : créer un continuum de forces capable de réagir rapidement et conjointement dans la zone nord-atlantique.

Le ministre britannique de la Défense a souligné cette ambition en affirmant : « Dans cette nouvelle ère de menaces et face à l’intensification des activités russes dans l’Atlantique Nord, notre force réside dans la puissance militaire et dans la solidité de nos alliances. » Cette déclaration fait écho aux préoccupations exprimées depuis plusieurs mois au sein de l’OTAN, notamment après la multiplication d’incidents impliquant des navires russes autour des câbles sous-marins

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Une réponse assumée à la montée en puissance de Moscou

Pour Londres comme pour Oslo, l’Atlantique Nord redevient un espace stratégique majeur. La marine britannique fait état d’une hausse de 30 % des activités russes menaçantes dans ses eaux depuis deux ans. Les capacités sous-marines russes, combinées à la possibilité de sabotage d’infrastructures critiques, placent désormais la région au cœur de la posture de dissuasion alliée.

L’accord vise donc à améliorer la résilience des deux États et à renforcer la surveillance continue de la zone. Les frégates Type 26, associées aux drones sous-marins norvégiens, doivent former un réseau de détection capable de repérer rapidement les mouvements russes. Cette approche intégrée s’inscrit dans la volonté des deux pays de prévenir toute action hostile visant les câbles de communication ou les pipelines énergétiques.

Une alliance structurante pour le flanc nord de l’OTAN

Si la coopération anglo-norvégienne est ancienne, le Lunna House Agreement lui donne une nouvelle dimension. En fusionnant une partie de leurs moyens navals et en harmonisant leurs systèmes d’armes, les deux pays se positionnent comme unpilier du flanc nord de l’OTAN. Cette alliance plus opérationnelle, plus technique et plus réactive doit peser face à la Russie, mais aussi sécuriser des espaces maritimes essentiels à l’ensemble des alliés.

Londres et Oslo projettent ainsi de transformer leur collaboration en un outil pérenne, capable de conduire des opérations de surveillance, de dissuasion et d’intervention. Pour les deux gouvernements, cette stratégie est devenue indispensable pour protéger leurs intérêts souverains et prévenir toute action déstabilisatrice dans la région.