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La France prête à commander la force de réaction de l’Otan

Direction : Ministère des Armées / Publié le : 04 décembre 2025

Les généraux Julien Fourneret et Éric Ozanne ont détaillé la montée en puissance des forces françaises lors du point presse consacré à l’exercice Steadfast Dagger 2025. La France prendra la tête des composantes aérienne et terrestre de la Force de réaction alliée (ARF) de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (Otan) en juillet 2026. Cette édition, qui s’achève aujourd’hui, constitue une étape décisive vers cette prise de commandement.

Une force renforcée, capable d’agir jusqu’à la haute intensité

Le général de brigade aérienne Julien Fourneret, commandant la Brigade aérienne des opérations au sein du Commandement de la défense aérienne et des opérations aériennes (CDAOA), a rappelé les fondements de l’ARF, créée en 2024 pour succéder à la NATO Response Force (NRF). Celle-ci « avait un périmètre d’action assez limité ». L’ARF peut désormais être mobilisée « partout dans le monde (…) pour réaliser des missions (…) de la formation jusqu’à la haute intensité ».

En 2026, la France assurera deux responsabilités majeures au sein de l’Alliance :

  • le commandement aérien, conduit par le CDAOA ;
  • le commandement terrestre, confié à la 3e division de l’armée de Terre.

Steadfast Dagger 2025 constitue l’ultime étape avant la certification officielle, condition indispensable avant la prise d’alerte du 1er juillet 2026.

Entraîner, intégrer, certifier

L’exercice a mobilisé « à peu près 1 200 personnels militaires et civils » issus de plusieurs pays de l’Otan. Pour l’armée de l’Air et de l’Espace, « 150 aviateurs et aviatrices ont été mobilisés H24 pendant plus de deux semaines ».

Le général Fourneret en a détaillé les objectifs :

  • renforcer le pilier européen de l’Otan, alors que la Revue nationale stratégique évoque « le risque de conflit majeur (…) à l’horizon 3 à 4 ans » ;
  • faire travailler ensemble des commandements qui « ne se connaissent pas », avec des cultures et des capacités différentes : « il faut faire que ça marche » ;
  • maîtriser les processus OTAN, normés et indispensables à l’interopérabilité : « il faut obtenir une certification pour être sûr qu’on atteint un niveau (…) satisfaisant » ;
  • intégrer les nouvelles dimensions de la conflictualité, dont l’hybridité, le cyber, l’espace et la lutte informationnelle.

Le CDAOA a conduit l’ensemble des opérations via son Centre de commandement opérationnel permanent, le CAPCODA (Centre Air de Planification et de Conduite des Opérations de Défense Aérienne), basé à Lyon. Ce principe de conduite depuis l’arrière du théâtre « fonctionne très bien », précise le général. Il décrit un exercice « très exigeant, très réaliste et très enrichissant ».

La 3e division en voie de certification Otan

Le général de division Éric Ozanne, commandant la 3e division, s’est exprimé depuis le centre d’entraînement des postes de commandement de l’Otan (Joint Warfare Centre) à Stavanger (Norvège). Composée de 23 000 militaires, renforcés par 100 000 réservistes, elle doit pouvoir commander une force multinationale incluant des unités turques, espagnoles, polonaises, grecques, lituaniennes, britanniques et macédoniennes. Il insiste sur la transformation majeure engagée : « On a dû passer (…) d’un PC de division français à un PC de composante terrestre otanien. »

Cette montée en puissance s’appuie sur l’acquisition de la doctrine OTAN, la maîtrise des Systèmes d’information opérationnels et de commandement (SIOC), 1 200 tests d’interopérabilité et plusieurs exercices contrôlés par l’Otan.

Un jalon majeur pour la France au sein de l’Alliance

Comme l’ont souligné les deux généraux, cet exercice démontre la capacité des forces françaises à agir « rapidement ensemble, de manière efficace et coordonnée » avec leurs alliés.

Dès juillet 2026, la France jouera un rôle clé dans la posture de réactivité de l’Otan, à un moment où l’entraînement commun, l’interopérabilité et la préparation opérationnelle n’ont jamais été aussi essentiels.