🌐 DIANA : L’innovation au cœur de la défense transatlantique
Par le Cercle Albert Roche – 5 juin 2025
À l’heure où les conflits modernes redéfinissent les paradigmes de la sécurité, l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) mise sur l’innovation technologique pour maintenir son avantage stratégique. Parmi ses initiatives phares, DIANA (Defence Innovation Accelerator for the North Atlantic) émerge comme un pilier clé, accélérant le développement de technologies duales au service de la défense et de la résilience civile. Alors que les ministres de la Défense se réunissent à Bruxelles le 5 juin 2025, DIANA fait l’objet d’une attention croissante. Cet article explore son fonctionnement, ses avancées récentes et les enjeux qui l’entourent.
🛡️ Une réponse aux défis modernes
Lancée lors du sommet de Bruxelles en juin 2021, DIANA a été conçue pour répondre aux menaces hybrides et aux évolutions technologiques rapides, notamment celles observées dans le conflit russo-ukrainien. Son objectif est d’identifier et de soutenir des innovations duales – utilisables à la fois dans des contextes civils et militaires – dans des domaines comme l’intelligence artificielle (IA), les systèmes autonomes, les technologies quantiques et la cybersécurité. Face à la montée en puissance de puissances comme la Russie et la Chine, DIANA vise à préserver la supériorité technologique de l’OTAN tout en renforçant la coopération transatlantique.
Le programme s’appuie sur un réseau de plus de 200 sites d’accélération et centres de test, répartis dans 28 pays membres. Depuis son lancement, il a attiré des start-ups, des universités et des entreprises de toute l’Alliance, offrant des subventions non dilutives allant jusqu’à 300 000 € par projet, ainsi qu’un accès à des infrastructures de pointe pour tester et valider leurs technologies.
🚀 Avancées et priorités en 2025
En 2025, DIANA a atteint une nouvelle étape dans son développement. Le 2 juin, l’initiative a dévoilé ses défis technologiques pour 2026, couvrant 10 domaines stratégiques : résilience énergétique, détection sous-marine, partage sécurisé d’informations, santé humaine, logistique critique et infrastructures, entre autres. Ces priorités reflètent les leçons tirées des conflits récents, notamment l’usage intensif de drones et de systèmes de communication sécurisés en Ukraine.
Le réseau DIANA s’est élargi avec l’ouverture de nouveaux centres, comme celui de Halifax (Canada) en octobre 2024 et de Tallinn (Estonie) en mai 2024. Ces sites permettent de tester des innovations dans des environnements variés, de l’Arctique aux mers Baltique et Noire. Parmi les start-ups en lice, des entreprises comme AI Verse (France), spécialisée en IA pour la vision par ordinateur, et EIFys (Finlande), qui développe des photodiodes avancées, illustrent la diversité des projets soutenus.
Le NATO Innovation Fund, doté d’un milliard d’euros, complète ces efforts en investissant directement dans les start-ups prometteuses issues de DIANA, renforçant ainsi leur capacité à passer de la recherche au déploiement opérationnel.
🎯 Un impact stratégique
DIANA joue un rôle crucial dans l’adaptation de l’OTAN aux menaces contemporaines. Les technologies duales qu’elle soutient permettent une réponse rapide aux défis hybrides, combinant cyberattaques, désinformation et guerre conventionnelle. Par exemple, les systèmes autonomes développés par DIANA pourraient être utilisés pour surveiller les frontières ou coordonner des opérations humanitaires, tandis que les avancées en IA renforcent les capacités de prédiction et de défense antimissile.
Lors de la réunion des ministres de la Défense du 5 juin 2025, DIANA a probablement été saluée comme un levier pour soutenir l’Ukraine, où des technologies comme les drones et les systèmes de communication sécurisés sont devenus indispensables. L’initiative offre également une opportunité de réduire la dépendance technologique vis-à-vis de partenaires extérieurs, un enjeu clé pour l’Europe.
⚠️ Enjeux et défis
Malgré son succès, DIANA doit relever plusieurs défis. L’éthique des technologies duales pose question : des innovations civiles, comme l’IA, pourraient être détournées à des fins militaires, alimentant des débats sur leur régulation. De plus, la viabilité des start-ups dépend de marchés civils compétitifs, un facteur incertain dans un contexte économique tendu.
La gouvernance de DIANA, dominée par les États-Unis, suscite également des tensions. La France et d’autres pays européens poussent pour une plus grande autonomie stratégique, plaidant pour une intégration avec des initiatives comme le Fonds européen de la défense. Cette ambition pourrait renforcer le pilier européen de l’OTAN, mais elle nécessite une coordination accrue pour éviter les doublons et les rivalités.
🏁 Conclusion
DIANA incarne l’avenir de la défense transatlantique, alliant innovation et résilience face à un monde en mutation. En 2025, avec un réseau élargi et des priorités ambitieuses, elle positionne l’OTAN comme un leader technologique. Cependant, son succès dépendra de sa capacité à concilier éthique, souveraineté et coopération. Pour la France et l’Europe, DIANA est une opportunité de jouer un rôle moteur, à condition de naviguer habilement entre ambitions nationales et solidarité alliée.