Cloud, données, cybersécurité
Cloud, données, cybersécurité
Souveraineté numérique : le nouveau champ de bataille
🧭 Introduction
À l’ère du numérique, la donnée est la nouvelle matière première stratégique.
Le cloud est devenu l’infrastructure invisible de nos États, de nos entreprises, de nos armées.
Mais la France — et plus largement l’Europe — a laissé s’installer une dépendance profonde à des acteurs étrangers, en particulier américains et chinois.
Face aux menaces hybrides, à la guerre informationnelle et à l’ultra-vulnérabilité du cyberespace, la souveraineté numérique n’est plus un luxe : c’est une condition de survie.
☁️ 1. Le cloud : un empire invisible, mais total
Le cloud n’est pas « dans les nuages ». Il repose sur :
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Des centres de données physiques (data centers),
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Des logiciels de virtualisation,
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Des infrastructures réseau mondiales.
Problème : plus de 80 % des données françaises circulent ou sont hébergées via des opérateurs non-européens :
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AWS (Amazon), Microsoft Azure, Google Cloud pour les États-Unis,
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Alibaba Cloud, Huawei Cloud pour la Chine.
Or, ces entreprises sont soumises aux lois extraterritoriales de leur pays, comme le Cloud Act américain, qui autorise la transmission de données à Washington, même si les serveurs sont situés en France.
📉 2. Données stratégiques : une fuite silencieuse
Les données collectées ou traitées à l’étranger concernent :
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Nos administrations,
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Nos infrastructures critiques (transport, énergie, santé, armement…),
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Nos entreprises de défense,
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Nos startups et laboratoires de recherche,
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Nos forces de sécurité (caméras, drones, capteurs, radios, etc.).
Cette externalisation numérique crée :
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Une perte de contrôle sur nos informations,
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Des risques d’espionnage industriel ou stratégique,
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Une exposition aux cyberattaques massives.
🔐 3. Cybersécurité : une ligne de front permanente
La guerre cyber est silencieuse, constante, souvent invisible.
Chaque jour, la France subit :
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Des tentatives d’intrusion dans les systèmes de l’État,
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Des attaques contre les hôpitaux, les collectivités, les entreprises sensibles,
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Des campagnes de désinformation ou de captation de données.
Acteurs en jeu :
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ANSSI : Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information,
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COMCYBER : Commandement de la cyberdéfense des armées,
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DGSE, DRM, DRSD : renseignement cyber, contre-ingérence, protection du secret,
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Industrie privée de cybersécurité française, encore sous-dimensionnée.
⚙️ 4. Vers un cloud souverain : un chantier national
Il est urgent de bâtir une infrastructure numérique française et européenne indépendante.
Cela passe par :
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Le développement d’un cloud souverain (ex : solutions comme OVHcloud, Scaleway, Outscale, Numspot),
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La protection des données stratégiques par des hébergeurs de confiance (label “SecNumCloud”),
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Le renforcement des capacités de chiffrement, de surveillance et de défense active,
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Le soutien public à la filière cyber française, encore trop fragile.
Dans le domaine militaire et gouvernemental, aucune donnée sensible ne doit être hébergée hors de contrôle national.
🛡️ 5. Un enjeu de doctrine, pas seulement de technique
La souveraineté numérique n’est pas qu’un défi technique : c’est une décision politique, une culture stratégique.
Cela implique :
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Une formation massive aux métiers du numérique souverain,
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Une doctrine claire de résilience nationale (continu numérique de l’État, plans de secours déconnectés),
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Une vigilance collective : administrations, armée, entreprises, citoyens,
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Une culture de la donnée comme bien national : traçabilité, maîtrise, usage encadré.
🔚 Conclusion
Ce que nous confions au cloud, nous devons être capables de le défendre.
La souveraineté numérique est un champ de bataille discret mais vital.
Il ne s’agit pas de se fermer au monde, mais de choisir avec qui l’on échange, ce que l’on expose, et ce que l’on protège.
C’est à ce prix que la France restera une puissance libre.
✍️ Cercle Albert Roche — La défense de demain commence par nos serveurs d’aujourd’hui.