Une fois n’est pas coutume, je prends la plume pour vous faire part de quelques réflexions
et questionnements que je souhaite partager avec vous. Cela concerne un ensemble de
points autour de notre défense, sa capacité militaire réelle, de la politique qui les sous-tend
et du rapport de ces éléments au regard de notre intérêt national.
Pour que les choses soient claires, si je suis amené dans ce qui suit à formuler des
critiques, elles ne s’opposent en rien à l’objet de notre Cercle, la connaissance et l’amour de
nos armées qui doivent être connues et aimées pour ce qu’elles sont réellement et surtout
pour l’abnégation de ceux qui les servent dans la période que nous vivons, mais à certains
choix politiques porteurs de risques pour notre avenir.
Les événements très récents, à titre d’exemple, pénétration voulue ou accidentelle de
drones dans l’espace de l’Otan, ont démontré l’extrême faiblesse de la capacité de réaction
de l’Alliance face à quelques drones ce qui laisse imaginer ce qui se passerait s’ils arrivaient
en masse : un massacre. Nous ne sommes pas prêts, et ce n’est là qu’un exemple, tels les
« tigres de papier »
Nos forces classiques ont la capacité, maintes fois évoquée, de tenir un front de 80 kms
pendant trois jours. Cela résulte d’un choix, l’adhésion au commandement intégré de l’Otan
qui confie les autres kms de front à défendre aux membres de l’Alliance, sans aucune
maitrise par nous mêmes des événements pour notre territoire . Risque majeur toujours
ignoré.
Il reste le nucléaire me direz-vous. Il y a là un raisonnement dont la simplicité frise le
simplisme : imaginer que, après un évident effondrement du pseudo front décrit plus haut,
qui concernerait fatalement l’ensemble de l’Europe, notre dirigeant, tout seul dans son
bureau appuie sur le bouton me paraît de l’ordre de la science- fiction, il faut rappeler que
notre doctrine prévoit l’utilisation de ces armes en seconde frappe pour « défendre » le
territoire national, certains voulant partager cette possibilité au service d’autres nations. Cela
n’a aucun sens et l’ennemi potentiel a toutes les armes pour, dans cette situation, raser
l’essentiel de notre pays.
Il apparaît donc que nos engagements actuels ne sont en rien une quelconque garantie de
sécurité de notre territoire et de notre nation en cas de déclenchement d’hostilités entre
l’Otan et l’ennemi désigné, ce qui est totalement contraire à la première et ultime mission de
nos forces armées. Elles ne sont pas en cause dans ce cours propos, même si les menaces
apparues dans la guerre en Ukraine, n’avaient guère été anticipées ; ce qui est en cause
tient à la sous-traitance de notre sécurité nationale à une alliance par laquelle nous perdons
toute souveraineté, devenons les otages de risques que nous ne pouvons assumer sans
compter les conséquences à long terme d’une politique qui, après la fin du fracas des armes,
laissera la France et l’Europe exténuées et définitivement dépendantes.
Ce ne sont là que des réflexions, elles ont fait l’impasse sur ce qui se passerait en mer pour
ne pas alourdir le texte et toutes vos remarques seront les bienvenues
Quoiqu’il arrive, il faut naturellement soutenir et aimer et faire aimer et respecter nos armées
qui seules contribueront à sauver ce qui peut l’être et au péril de leur vie : le Cercle y travaille
quotidiennement ; honneur à elles ! et
Vive la France !