Intercepter une munition téléopérée [MTO] avec un missile de défense aérienne valant plusieurs centaines de milliers d’euros n’est pas soutenable sur le long terme. « Quand on tue un [drone kamikaze] Shahed avec un [missile intercepteur] Aster, en réalité c’est le Shahed qui a tué l’Aster », avait ainsi résumé le général Thierry Burkhard, le chef d’état-major des armées [CEMA], lors d’un colloque, en décembre 2023.
D’où la recherche de solutions peu onéreuses pour contrer la menace des MTO. À l’occasion du salon Unmanned Systems X, qui se tient actuellement à Bonn [Allemagne], Airbus Defense & Space a dévoilé un nouveau système susceptible de répondre à ce besoin.
Ainsi, celui-ci repose sur un drone appelé LOAD [Low-cost Air Defense], conçu à partir du Do-DT25, notamment utilisé par Airbus Defense & Space pour des essais menés dans le cadre de l’initiative « I4FCAS » [pour « Innovations for FCAS » ou « Innovations pour le SCAF – Système de combat aérien du futur »], laquelle vise à faire voler des effecteurs connectés au sein d’un « cloud » de combat.
Lancé au moyen d’une catapulte et ayant une portée de 100 km, le LOAD a la capacité de traquer, de détecter et de détruire des MTO grâce à des données radar et à trois missiles air-air après avoir reçu l’autorisation d’un opérateur, qui supervise son vol grâce à une station de contrôle au sol. Sa mission terminée, ce drone de « défense aérienne » atterrit en déployant un parachute.
Selon Airbus Defence & Space, le LOAD est « ITAR free », c’est-à-dire qu’il n’est pas soumis à la réglementation américaine puisqu’il n’est conçu qu’avec des composants d’origine européenne.
En outre, le LOAD pourra être associé à d’autres plateformes aériennes, comme l’EuroDrone, dont le développement, dirigé par Airbus Defence & Space, a pris du retard. Cette capacité lui permettra d’évoluer dans les zones où la couverture radar terrestre est déficiente.
Pourtant centrale, la question du prix des missiles air-air qu’emportera ce drone de défense aérienne reste entière… Mais une vue d’artiste diffusée par l’industriel montre le LOAD emporter deux engins ayant un air de famille avec l’Enforcer SADM [Small Anti Drone Missile] de MBDA Deutschland.
À noter que, dans ce domaine, l’entreprise estonienne Frankenburg Technologies développe le missile anti-MTO « Mark 1 » qui, doté d’algorithmes d’intelligence artificielle, sera beaucoup moins coûteux que ses concurrents tout en pouvant être fabriqué « cent fois plus rapidement ».
Quoi qu’il en soit, le premier vol d’un prototype est prévu avant la fin de cette année. L’objectif est de pouvoir le mettre en service en 2027, ce qui est un délai assez court.
source : https://www.opex360.com/